Il y a trois mois exactement, je m'installais sur Aix. Le charme de cette petite ville m'était alors tout nouveau, et je parcourais joyeusement les rues en quêtes de découvertes empreintes d'histoire et de paysages typiquement provençaux. Je jetais un regard amusé sur ces Français habillés comme des cartes de mode, sur leurs soirées endiablés où rien n'est trop beau pour épater la galerie et sur leurs portables plus hi-techs que tout ce que je n'ai jamais possédé.
Trois mois plus tard, le charme a perdu l'attrait de la nouveauté et la lune de miel aixoise a pris une tout autre tournure. Le fait que j'aie commencé à travailler dans une boulangerie m'a permis de jeter un nouvel oeil sur le quotidien des gens. La bourgeoisie est omniprésente dans cette ville, et ses habitants en sont le reflet le plus sidérant. Ici, la jeunesse éternelle est un marché aussi concurrentiel que celui de l'automobile (Aix étant la ville la plus motorisée en France, avec une moyenne de 3 véhicules par ménage). Après plusieurs semaines d'observation, je peux confirmer mon hypothèse que 50% des femmes ayant passé la cinquantaine sont liftées (c'est soit ça, soit elles sont constamment surprises, comme en témoignent leur front et leurs sourcils constamment haussés). Femmes et jeunes filles s'habillent tous les jours comme si c'était Noël, et le sentiment d'être une clocharde au beau milieu de cette parade de mode m'a plus d'une fois fait tressaillir. J'ai entendu des choses hallucinantes, comme cette fille qui affirme qu'avant de sortir avec un garçon, elle doit évaluer le montant approximatif des vêtements qu'il porte. S'il est en dessous de quelques centaines d'Euros, le malheureux devra passer son chemin.
De plus, les jeunes aixois n'ont aucunement la même relation au travail que nous, si je peux me permettre de parler au nom des Québécois. À un garçon à qui on demande ce qu'il fait en dehors de la Fac et ce qu'il fait de ses étés, ce dernier nous répond: «Bin, je fous pas grand chose, je sors avec mes amis, voilà». Et le Québécois de rétorquer: «Tu ne travailles pas?», l'Aixois répond: «Non, je n'ai jamais travaillé de ma vie, c'est moche. De toute façon, c'est trop dur de se trouver un emploi.» C'est probablement pour ça que j'ai déposé 6 cvs et que 3 endroits m'ont rappelée dans la semaine...
Je trouve de plus en plus que cette ville est artificielle, composée de toutes pièces par des gens beaucoup trop éloignés de la réalité, du moins de la vision que j'en ai. J'aurais envie de déployer une immense bannière sur laquelle il serait écrit Chill out Aix!, (avec un astérisque pour la traduction en petits caractères, car la plupart ne comprennent pas l'anglais). Par chance, il y a les étudiants étrangers et quelques jeunes français qui «galèrent» tout comme moi à travers le travail, la Fac et les amis. J'apprécierai plus que jamais l'attitude décontractée, la simplicité et le côté bon vivant de mes amis à mon retour!
C'est (re)parti mon kiki!
Il y a 13 ans
3 commentaires:
Ne t'en fait pas. Dans quelques années, tu ne te souviendras que des bons moments et que des personnes intéressantes que tu as pu rencontrer à Aix ou ailleurs.
Attention toutefois au tropisme aixois. Aix n'est pas la Provence, qui n'est pas la France. Tous les français(loin s'en faut) ne sont pas comme les aixois.
De la même manière que Outremont n'est pas Montréal, comme les autres les régions du Québec ne sont pas Montréal.
Signé un "maudit français" qui a fait une partie de ses études à Montréal (mais qui a également visité le reste du Québec et qui adoré ça)
Merci de rectifier mes propos, j'admets que je généralise beaucoup. A évoluer constamment dans ce milieu, mes perceptions s'en trouvent parfois déformées! :)
Ouf! Comme tu dis : « Chill out Aix! » Tu y seras encore pour longtemps?? C'est quoi tes plans après les Fêtes??
Bisous xx
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